{ "@context": "http://iiif.io/api/presentation/2/context.json", "@id": "https://apicollections.parismusees.paris.fr/iiif/600000053/manifest", "@type": "sc:Manifest", "label": "Message du chef de l'Etat : Fran\u00e7ais, La France a connu, il y a quatre mois, l'une des plus grandes d\u00e9faites de son histoire. (L'ordre nouveau)", "metadata": [ { "label": "Autres titres", "value": [ "Message du chef de l'Etat : Fran\u00e7ais, La France a connu, il y a quatre mois, l'une des plus grandes d\u00e9faites de son histoire. (L'ordre nouveau) (Titre inscrit (lettre))" ] }, { "label": "Auteur", "value": [ "P\u00e9tain, Philippe" ] }, { "label": "D\u00e9nomination", "value": [ "Affiche", "Imprim\u00e9" ] }, { "label": "Type d'objet", "value": [ "Arts graphiques", "Manuscrits, imprim\u00e9s, reliure" ] }, { "label": "Date de production", "value": "
Affiche de forme rectangulaire.
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\n", "Inscription -\"FRANCAIS, / La France a connu, il y a quatre mois, l'une des plus grandes d\u00e9faites de son histoire. Cette d\u00e9faite a de nombreuses causes, mais toutes ne sont pas d'ordre technique. Le d\u00e9sastre n'est, en r\u00e9alit\u00e9, que le reflet, sur le plan militaire, des faiblesses et des tares de l'ancien r\u00e9gime politique. Ce r\u00e9gime, pourtant, beaucoup d'entre vous l'aimaient. Votant tous les quatre ans, vous vous donniez l'impression d'\u00eatre les citoyens libres d'un \u00c9tat libre, aussi vous \u00e9tonnerai-je en vous disant que jamais, dans l'histoire de la France, l'\u00c9tat n'a \u00e9t\u00e9 plus asservi qu'au cours des vingt derni\u00e8res ann\u00e9es. Asservi de diverses mani\u00e8res : successivement, et parfois simultan\u00e9ment, par des coalitions d\u0092int\u00e9r\u00eats \u00e9conomiques et par des \u00e9quipes politiques ou syndicales pr\u00e9tendant, fallacieusement, repr\u00e9senter la classe ouvri\u00e8re. Selon la pr\u00e9dominance de l'une ou de l'autre de ces deux servitudes, des majorit\u00e9s se succ\u00e9daient au pouvoir, anim\u00e9es trop souvent du souci d'abattre la minorit\u00e9 rivale. Ces luttes provoquaient des d\u00e9sastres. L'on recourait, alors, \u00e0 ces vastes formations dites \"d'Union Nationale\" qui ne constituaient qu'une duperie suppl\u00e9mentaire. Ce n'est pas, en effet, en r\u00e9unissant des divergences que l'on parvient \u00e0 la coh\u00e9rence. Ce n'est pas en totalisant des bonnes volont\u00e9s que l'on obtient \"une volont\u00e9\". De ces oscillations et de ces vassalit\u00e9s, la marque s\u0092imprimait profond\u00e9ment dans les m\u009curs, tout criait l'impuissance d'un r\u00e9gime qui ne se maintenait au travers des circonstances les plus graves qu'en se renon\u00e7ant lui-m\u00eame, par la pratique des pleins pouvoirs. Il s'acheminait ainsi, \u00e0 grands pas, vers une r\u00e9volution politique que la guerre et la d\u00e9faite ont seulement h\u00e2t\u00e9e. Prisonnier d'une telle politique int\u00e9rieure, ce r\u00e9gime ne pouvait, le plus souvent, pratiquer une politique ext\u00e9rieure digne de la France. Inspir\u00e9e, tour \u00e0 tour, par un nationalisme ombrageux et par un pacifisme d\u00e9r\u00e9gl\u00e9, faite d'incompr\u00e9hension et de faiblesse (alors que notre victoire nous imposait la force et la g\u00e9n\u00e9rosit\u00e9), notre politique \u00e9trang\u00e8re ne pouvait nous mener qu'aux ab\u00eemes. Nous n'avons pas mis plus de quinze ans \u00e0 descendre la pente qui y conduisait. Un jour de septembre 1939, sans m\u00eame que l'on os\u00e2t consulter les Chambres, la guerre, une guerre presque perdue d'avance, fut d\u00e9clar\u00e9e. Nous n'avions su ni l'\u00e9viter, ni la pr\u00e9parer. C'est sur cet amas de ruines qu'il faut, aujourd'hui, reconstruire la France. L'ordre nouveau ne peut, en aucune mani\u00e8re, impliquer un retour, m\u00eame d\u00e9guis\u00e9, aux erreurs qui nous ont co\u00fbt\u00e9 si cher, on ne saurait davantage y d\u00e9couvrir les traits d'une sorte \"d'ordre moral\" ou d'une revanche des \u00e9v\u00e9nements de 1936. L'ordre nouveau ne peut \u00eatre une imitation servile d'exp\u00e9riences \u00e9trang\u00e8res. Certaines de ces exp\u00e9riences ont leur sens et leur beaut\u00e9. Mais chaque peuple doit concevoir un r\u00e9gime adapt\u00e9 \u00e0 son climat et \u00e0 son g\u00e9nie. L'ordre nouveau est une n\u00e9cessit\u00e9 fran\u00e7aise. Nous devrons, tragiquement, r\u00e9aliser dans la d\u00e9faite la r\u00e9volution que, dans la victoire, dans la paix, dans l'entente volontaire de peuples \u00e9gaux, nous n'avons m\u00eame pas su concevoir. Ind\u00e9pendante du revers des ses armes, la t\u00e2che que la France doit accomplir l'est aussi et \u00e0 plus forte raison des succ\u00e8s et des revers d'autres nattions qui ont \u00e9t\u00e9, dans l'histoire, ses amies ou ses ennemies. Le r\u00e9gime nouveau, s'il entend \u00eatre national, doit se lib\u00e9rer de ces amiti\u00e9s ou de ces inimiti\u00e9s, dites traditionnelles, qui n'ont, en fait, cess\u00e9 de se modifier \u00e0 travers l'histoire pour le plus grand profit des \u00e9metteurs d'emprunts et des trafiquants d'armes. Le r\u00e9gime nouveau d\u00e9fendra, tout d'abord, l'unit\u00e9 nationale, c'est-\u00e0-dire l'\u00e9troite union de la M\u00e9tropole et de la France d'outre-mer. Il maintiendra les h\u00e9ritages de sa culture grecque et latine et leur rayonnement dans le monde. Il remettra en honneur le v\u00e9ritable nationalisme, celui qui, renon\u00e7ant \u00e0 se concentrer sur lui-m\u00eame, se d\u00e9passe pour atteindre la collaboration internationale. Cette collaboration, la France est pr\u00eate \u00e0 la rechercher dans tous les domaines, avec tous ses voisins. Elle sait d'ailleurs que, quelle que soit la carte politique de l'Europe et du monde, le probl\u00e8me des rapports franco-allemands, si criminellement trait\u00e9 dans le pass\u00e9, continuera de d\u00e9terminer son avenir. Sans doute, l'Allemagne peut-elle, au lendemain de sa victoire sur nos armes, choisir entre une paix traditionnelle d'oppression et une paix toute nouvelle de collaboration. A la mis\u00e8re, aux troubles, aux r\u00e9pressions et sans doute aux conflits que susciterait une nouvelle paix faite \"\u00e0 la mani\u00e8re du pass\u00e9\", l'Allemagne peut pr\u00e9f\u00e9rer une paix vivante pour le vainqueur, une paix g\u00e9n\u00e9ratrice de bien-\u00eatre pour tous. Le choix appartient d'abord au vainqueur ; il d\u00e9pend aussi du vaincu. Si toutes les voies nous sont ferm\u00e9es, nous saurons attendre et souffrir. Si un espoir au contraire se l\u00e8ve sur le monde, nous saurons dominer notre humiliation, nos deuils, nos ruines. En pr\u00e9sence d'un vainqueur qui aura su dominer sa victoire, nous saurons dominer notre d\u00e9faite. Le r\u00e9gime nouveau sera une hi\u00e9rarchie sociale. Il ne reposera plus sur l'id\u00e9e fausse de l'\u00e9galit\u00e9 naturelle des hommes, mais sur l'id\u00e9e n\u00e9cessaire de l'\u00e9galit\u00e9 des \"chances\" donn\u00e9es \u00e0 tous les Fran\u00e7ais de prouver leur aptitude \u00e0 \"servir\". Seuls le travail et le talent deviendront le fondement de la hi\u00e9rarchie fran\u00e7aise. Aucun pr\u00e9jug\u00e9 d\u00e9favorable n'atteindra un Fran\u00e7ais du fait de ses origines sociales, \u00e0 la seule condition qu'il s'int\u00e8gre dans la France nouvelle et qu'il lui apporte un concours sans r\u00e9serve. On ne peut faire dispara\u00eetre la lutte des classes, fatale \u00e0 la nation, qu'en faisant dispara\u00eetre les causes qui ont form\u00e9 ces classes, qui les ont dress\u00e9es les unes contre les autres. Ainsi rena\u00eetront les \u00e9lites v\u00e9ritables que le r\u00e9gime pass\u00e9 a mis des ann\u00e9es \u00e0 d\u00e9truire et qui constitueront les cadres n\u00e9cessaires au d\u00e9veloppement du bien-\u00eatre et de la dignit\u00e9 de tous. Certains craindront peut-\u00eatre que la hi\u00e9rarchie nouvelle d\u00e9truise une libert\u00e9 \u00e0 laquelle ils tiennent et que leurs p\u00e8res ont conquise au prix de leur sang. Qu'ils soient sans inqui\u00e9tude. L'autorit\u00e9 est n\u00e9cessaire pour sauvegarder la libert\u00e9 de l'\u00c9tat, garantie des libert\u00e9s individuelles, en face des coalitions d'int\u00e9r\u00eats particuliers. Un peuple n'est plus libre, en d\u00e9pit de ses bulletins de vote, d\u00e8s que le gouvernement qu'il a librement port\u00e9 au pouvoir devient le prisonnier de ses coalitions. Que signifierait d'ailleurs, en 1940, la libert\u00e9 (l'abstraite libert\u00e9) pour un ouvrier ch\u00f4meur ou pour un petit patron ruin\u00e9, sinon la libert\u00e9 de souffrir sans recours, au milieu d'une nation vaincue? Nous ne perdrons, en r\u00e9alit\u00e9, certaines apparences trompeuses de la libert\u00e9 que pour mieux en sauver la substance.L'histoire est faite d'alternances entre des p\u00e9riodes d'autorit\u00e9 d\u00e9g\u00e9n\u00e9rant en tyrannie et des p\u00e9riodes de libert\u00e9s engendrant la licence. L'heure est venue pour la France de substituer \u00e0 ces alternances douloureuses une conjonction harmonieuse de l'autorit\u00e9 et des libert\u00e9s.Le caract\u00e8re hi\u00e9rarchique du nouveau r\u00e9gime est ins\u00e9parable de son caract\u00e8re social. Mais ce caract\u00e8re social ne peut se fonder sur des d\u00e9clarations th\u00e9oriques. Il doit appara\u00eetre dans les faits. Il doit se traduire par des mesures imm\u00e9diates et pratiques. Tous les Fran\u00e7ais, ouvriers, cultivateurs, fonctionnaires, techniciens, patrons ont d'abord le devoir de travailler, ceux qui m\u00e9conna\u00eetraient ce devoir ne m\u00e9riteraient plus leur qualit\u00e9 de citoyen. Mais tous les Fran\u00e7ais ont \u00e9galement droit aux travail. On con\u00e7oit ais\u00e9ment que, pour assurer l'exercice de ce droit et la sanction de ce devoir, il faille introduire une r\u00e9volution profonde dans tout notre vieil appareil \u00e9conomique.Apr\u00e8s une p\u00e9riode transitoire, pendant laquelle les travaux d'\u00e9quipement devront \u00eatre multipli\u00e9s et r\u00e9partis sur tout le territoire, nous pourrons, dans une \u00e9conomie organis\u00e9e, cr\u00e9er des centres durables d'activit\u00e9 o\u00f9 chacun trouvera la place et le salaire que ses aptitudes lui m\u00e9ritent. Les solutions, pour \u00eatre efficaces, devront \u00eatre adapt\u00e9es aux divers m\u00e9tiers. Telle solution qui s'impose pour l'industrie n'aurait aucune raison d'\u00eatre pour l'agriculture familiale, qui constitue la principale base \u00e9conomique et sociale de la France. Mais il est des principes g\u00e9n\u00e9raux qui s'appliqueront \u00e0 tous les m\u00e9tiers. Ces m\u00e9tiers seront organis\u00e9s et leur organisation s'imposera \u00e0 tous.Les organisations professionnelles traiteront de tout ce qui concerne le m\u00e9tier, mais se limiteront au seul domaine professionnel. Elles assureront, sous l'autorit\u00e9 de l'\u00c9tat, la r\u00e9daction et l'ex\u00e9cution des conventions de travail. Elles garantiront la dignit\u00e9 de la personne du travailleur, en am\u00e9liorant ses conditions de vie, jusque dans sa vieillesse. Elles \u00e9viteront enfin les conflits, par l'interdiction absolue des \"lockout\" et des gr\u00e8ves, par l'arbitrage obligatoire des tribunaux de travail. Le r\u00e9gime \u00e9conomique de ces derni\u00e8res ann\u00e9es faisait appara\u00eetre les m\u00eames imperfections et les m\u00eames contradictions que le r\u00e9gime politique : sur le plan parlementaire, apparence de libert\u00e9. Sur le plan de la production et des \u00e9changes, apparence de lib\u00e9ralisme, mais, en fait, asservissement aux puissances d'argent et recours de plus en plus large aux interventions de l'\u00c9tat. Cette d\u00e9gradation du lib\u00e9ralisme \u00e9conomique s'explique d'ailleurs ais\u00e9ment. La libre concurrence \u00e9tait, \u00e0 la fois, le ressort et le r\u00e9gulateur du r\u00e9gime lib\u00e9ral. Le jour o\u00f9 les coalitions et les trusts bris\u00e8rent ce m\u00e9canisme essentiel, la production et les prix furent livr\u00e9s, sans d\u00e9fense, \u00e0 l'esprit de lucre et de sp\u00e9culation. Ainsi se d\u00e9roulait ce spectacle r\u00e9voltant de millions d'hommes manquant du n\u00e9cessaire en face de stocks invendus et m\u00eame d\u00e9truits dans le seul dessein de soutenir le cours des mati\u00e8res premi\u00e8res. Ainsi s'annon\u00e7ait la crise mondiale. Devant la faillite universelle de l'\u00e9conomie lib\u00e9rale, presque tous les peuples se sont engag\u00e9s dans la voie d'une \u00e9conomie nouvelle. Nous devons nous y engager \u00e0 notre tour et, par notre \u00e9nergie et notre foi, regagner le temps perdu. Deux principes essentiels nous guideront : l'\u00e9conomie doit \u00eatre organis\u00e9e et contr\u00f4l\u00e9e. La coordination par l'\u00c9tat des activit\u00e9s priv\u00e9es doit briser la puissance des trusts et leur pouvoir de corruption. Bien loin donc de brider l'initiative individuelle, l'\u00e9conomie doit la lib\u00e9rer de ses entraves actuelles en la subordonnant \u00e0 l'int\u00e9r\u00eat national. La monnaie doit \u00eatre au service de l'\u00e9conomie, elle doit permettre le plein essor de la production, dans la stabilit\u00e9 des prix et des salaires. Une monnaie saine est, avant tout, une monnaie qui permet de satisfaire aux besoins des hommes. Notre nouveau syst\u00e8me mon\u00e9taire ne devra donc affecter l'or qu'\u00e0 la garantie des r\u00e8glements ext\u00e9rieurs. Il mesurera la circulation int\u00e9rieure aux n\u00e9cessit\u00e9s de la production. Un tel syst\u00e8me implique un double contr\u00f4le : sur le plan international, contr\u00f4le du commerce ext\u00e9rieur et des changes pour subordonner aux n\u00e9cessit\u00e9s nationales l'emploi des signes mon\u00e9taires sur les march\u00e9s \u00e9trangers ; sur le plan int\u00e9rieur, contr\u00f4le vigilant de la consommation et des prix, afin de ma\u00eetriser le pouvoir d'achat de la monnaie, d'emp\u00eacher les d\u00e9penses excessives et d'apporter plus de justice dans la r\u00e9partition des produits. Ce syst\u00e8me ne porte aucune atteinte \u00e0 la libert\u00e9 des hommes, si ce n'est \u00e0 la libert\u00e9 de ceux qui sp\u00e9culent, soit par int\u00e9r\u00eat personnel, soit par int\u00e9r\u00eat politique. Il n'est con\u00e7u qu'en fonction de l'int\u00e9r\u00eat national. Il devra, dans les dures \u00e9preuves que nous traversons, s'exercer avec une enti\u00e8re rigueur. Que la classe ouvri\u00e8re et la bourgeoisie fassent, ensemble, un immense effort pour \u00e9chapper aux routines de paresse et prennent conscience de leur int\u00e9r\u00eat commun de citoyen, dans une nation d\u00e9sormais unie.Telle est, aujourd'hui, Fran\u00e7ais, la t\u00e2che \u00e0 laquelle je vous convie. Il faut reconstruire. Cette reconstruction, c'est avec vous que je veux la faire. La Constitution sera l'expression juridique de la R\u00e9volution d\u00e9j\u00e0 commenc\u00e9e dans les faits, car les institutions ne valent que par l'esprit qui les anime. Une r\u00e9volution ne se fait pas seulement \u00e0 coups de lois et de d\u00e9crets. Elle ne s'accomplit que si la nation la comprend et l'appelle, que si le peuple accompagne le gouvernement dans la voie de la r\u00e9novation n\u00e9cessaire. Bient\u00f4t, je vous demanderai de vous grouper pour qu'ensemble r\u00e9unis autour de moi, en communion avec les anciens combattants d\u00e9j\u00e0 form\u00e9s en L\u00e9gion, vous meniez cette r\u00e9volution jusqu'\u00e0 son terme, en ralliant les h\u00e9sitants, en brisant les forces hostiles et les int\u00e9r\u00eats coalis\u00e9s en faisant r\u00e9gner, dans la France nouvelle, la v\u00e9ritable fraternit\u00e9 nationale.\"
\n", "Signature -\"PHILIPPE PETAIN.\"
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