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Afin d\u2019accueillir Madame Hanska dans une demeure digne d\u2019elle, Balzac acquiert en septembre 1846 une partie de l\u2019ancienne \u00ab folie \u00bb du financier Beaujon, situ\u00e9e rue Fortun\u00e9e (actuelle rue Balzac). L\u2019\u00e9crivain entreprend d\u2019importants travaux de r\u00e9novation et de d\u00e9coration dans cette demeure, d\u00e9truite en 1890.Dans son texte hommage \u00e0 Balzac Th\u00e9ophile Gautier parle de la derni\u00e8re demeure de Balzac : \"Ce qui donnait quelque vraisemblance \u00e0 nos plaisanteries, c\u2019\u00e9tait la nouvelle demeure qu\u2019habitait Balzac, rue Fortun\u00e9e, dans le quartier Beaujon, moins peupl\u00e9 alors qu\u2019il ne l\u2019est aujourd\u2019hui. Il y occupait une petite maison myst\u00e9rieuse qui avait abrit\u00e9 les fantaisies du fastueux financier. Du dehors, on apercevait au-dessus du mur une sorte de coupole repouss\u00e9e par le plafond cintr\u00e9 d\u2019un boudoir et la peinture fra\u00eeche des volets ferm\u00e9s. Quand on p\u00e9n\u00e9trait dans ce r\u00e9duit, ce qui n\u2019\u00e9tait pas facile, car le ma\u00eetre du logis se scellait avec un soin extr\u00eame, on y d\u00e9couvrait mille d\u00e9tails de luxe et de confort en contradiction avec la pauvret\u00e9 qu\u2019il affectait. \u2013 Il nous re\u00e7ut pourtant un jour, et nous p\u00fbmes voir une salle \u00e0 manger rev\u00eatue de vieux ch\u00eane, avec une table, une chemin\u00e9e, des buffets, des cr\u00e9dences et des chaises en bois sculpt\u00e9, \u00e0 faire envie \u00e0 Berrugu\u00e8te, \u00e0 Cornejo Duque et \u00e0 Verbruggen ; un salon de damas bouton d\u2019or, \u00e0 portes, \u00e0 corniches, \u00e0 plinthes et embrasures d\u2019\u00e9b\u00e8ne ; une biblioth\u00e8que rang\u00e9e dans des armoires incrust\u00e9es d\u2019\u00e9caille et de cuivre en style de Boule, et dont la porte, cach\u00e9e par des rayons, une fois ferm\u00e9e, est introuvable ; une salle de bains en br\u00e8che jaune, avec bas-reliefs de stuc : un boudoir en d\u00f4me, dont les peintures anciennes avaient \u00e9t\u00e9 restaur\u00e9es par Edmond H\u00e9douin ; une galerie \u00e9clair\u00e9e de haut, que nous reconn\u00fbmes plus tard dans la collection du Cousin Pons. Il y avait sur les \u00e9tag\u00e8res toutes sortes de curiosit\u00e9s, des porcelaines de Saxe et de S\u00e8vres, des cornets de c\u00e9ladon craquel\u00e9, et dans l\u2019escalier, recouvert d\u2019un tapis, de grands vases de Chine et une magnifique lanterne suspendue par un c\u00e2ble de soie rouge.- Vous avez donc vid\u00e9 un des silos d\u2019Aboul-Casem ? d\u00eemes-nous en riant \u00e0 Balzac, en face de ces splendeurs ; vous voyez bien que nous avions raison en vous pr\u00e9tendant millionnaire.- Je suis plus pauvre que jamais, r\u00e9pondait-il en prenant un air humble et papelard ; rien de tout cela n\u2019est \u00e0 moi. J\u2019ai meubl\u00e9 la maison pour un ami qu\u2019on attend. \u2013 Je ne suis que le gardien et le portier de l\u2019h\u00f4tel.\"
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